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UTMB 2016 : récit d'Amandine

Jour 1

Ça y est on y est c'est aujourd'hui le grand jour : Christophe va prendre le départ de l'UTMB ce soir à 18h. Nous avons toute la journée pour nous préparer, j’appréhende néanmoins.

Il va falloir récupérer le dossard, préparer le sac de course, préparer les vivres que je lui donnerai sur le parcours et… attendre. Plus l'attente sera longue plus le stress sera important.

1.jpgDans un 1er temps, Christophe part avec son père à Chamonix repérer les lieux et récupérer son fameux dossard. J'en profite pour emmener les enfants à la piscine : pour eux aussi il faut que ce séjour dans la région de Chamonix soit agréable et reste un bon souvenir.

À son retour, Christophe me remet mes tickets d’accès aux 5 différents sites d’assistance : je n’ai pas intérêt à les perdre sans quoi, je ne pourrais pas l’assister et toute son organisation alimentaire et vestimentaire tombera à l’eau. Pression, pression…

Puis on déjeune rapidement ; il dit être déjà en retard sur le planning donc on se presse car ça l’angoisse.

Puis vient l'heure de la préparation du sac : tout y est ou presque… Il manque la pochette isotherme du sac à eau de son sac de course. La tension monte encore d’un cran : il faut trouver une solution. Je propose, j'appelle les boutiques spécialisées de la région qui n’ont pas de solution à nous proposer, je ne trouve pas d'idée. Ça commence : je me sens déjà inutile. Heureusement ma belle-mère propose une solution qui a l'air de convenir à Christophe, celle d'utiliser un sac de surgelés. Ça fait l’affaire : ouf !

Il ne nous reste que quelques minutes pour préparer les sacs que je lui remettrai sur les sites d’assistance et c'est déjà l'heure de partir. Les enfants nous rejoindrons avec leurs grands-parents un peu plus tard. Mais sur les conseils d'anciens participants à la course, mieux vaut arriver très tôt sur la ligne de départ tellement la foule sera dense.

Arrivés à Chamonix, nous laissons la voiture sur un parking longue durée ; je n'envisage pas d'utiliser la voiture pendant les 2 jours à venir mais bien de suivre Christophe en utilisant les navettes mises à disposition par l'organisation. C’est plus raisonnable car il s’agira d’aller sur des routes que je ne connais pas et potentiellement, de nuit. Enceinte, je sais que la fatigue ne me quittera pas, moi qui faisais 2 heures de sieste minimum par jour ces derniers mois. De ce fait, le parking est loin de la ligne de départ. Christophe trotte devant et j’essaie péniblement de le suivre. Encore une fois je me sens être un poids sur cette avant-course. Nous ne savons pas où déposer le sac d’affaires que Christophe retrouvera à Courmayeur. Il se renseigne sur la direction à prendre auprès d’autres coureurs mais il semblerait que ce ne soit clair pour personne.

Nous trouvons finalement le lieu de dépose des sacs, non loin du lieu de remise des dossards. Christophe y dépose son sac qui lui sera utile si jamais je ne peux être là à Courmayeur. Nous allons ensuite en direction la ligne de départ.

2.jpgOn ne lui a pas menti : il y a énormément de monde, il fait chaud et avec mon gros ventre il nous faut au moins 10 minutes pour lui trouver une place à distance raisonnable de la ligne de départ. Le reste de la famille nous rejoint pour une dernière photo avec notre futur héros, pour un dernier bisou… mais il faut y aller. Si nous restons une minute de plus, nous risquons de rester bloqués et d'être pris dans la foule des coureurs. C'est donc 25 minutes avant le départ de la course que nous laissons Christophe seul. Dans ma tête, ça cogite : je suis certaine que son stress monte encore, si c’est possible, et je ne peux rien faire.

Côté supporters, nous trouvons une place le long du parcours, prêts à encourager Christophe à son passage. L'ambiance est exceptionnelle. Je ne sais pas combien d'accompagnants ou spectateurs anonymes sont présents mais nous sommes très nombreux. Il fait beau, il y a de la musique, l’excitation est palpable. L’émotion est encore plus grande quand on demande à tout ce public une minute d'applaudissement en mémoire des différentes victimes des attentats perpétrés en France et du récent séisme qui s'est produit en Italie. C'est sûrement dû aux hormones, mais je suis au bord des larmes.

Chamonix

3.jpg18h. Le départ est enfin donné. Je brandis mon appareil photo bien déterminée à conserver un maximum de souvenir de cette UTMB 2016.

Il ne faut attendre que quelques secondes avant de voir arriver les premiers participants à un rythme effréné. Si j'ai bien compris ce sont les VIP de la course, les futurs vainqueurs supposés.

Il nous faudra attendre 4 ou 5 minutes avant de voir passer Christophe à un rythme beaucoup plus lent. Je pensais qu’avec son tee-shirt orange je le repérerai facilement, mais il y a beaucoup de tee-shirts oranges. Il a fallu ouvrir l’œil J mais j’y suis parvenu. Et oh surprise, 200 mètres avant lui, j'ai aperçu Maxime, un collègue de travail. Ça fait plaisir de voir une tête connue dans toute cette foule.

Une fois Christophe passé, je conviens avec mes beaux-parents de nous rendre directement à Saint-Gervais. Vu le monde sur place donc vu le monde qu'il y aura sur la route, il nous serait bien inutile de nous rendre au prochain point de passage : Christophe y sera sûrement avant nous.

Effectivement, il est près de 20h lorsque nous arrivons à Saint-Gervais. Nous nous arrêtons un petit moment à l'appartement pour dîner et direction le point de ravitaillement. Comme à chaque fois, je préfère être en avance plutôt qu'en retard aux rares lieux de passage où l’on peut se rendre.

Saint Gervais

4.jpgIl est presque 21h quand nous apercevons Christophe au ravitaillement de Saint-Gervais. Interdiction aux accompagnants d'approcher les coureurs : c'est très frustrant.

Nous devons donc nous contenter d'un petit échange verbal, d'un petit bisou et le voilà déjà reparti. Ce qui est amusant c'est qu'il repart avec Maxime, mon collègue, dont il fait la connaissance. Ils sont près de 2500 au départ et ils se retrouvent côte à côte, à cet instant de la course J

Le prochain point de passage est prévu aux Contamines. Ce n'est pas bien loin en voiture mais nous nous dépêchons toujours par crainte de le rater. Surtout que ce site fait partie des 5 sites d’assistance… Présence obligatoire !

Les enfants et mes beaux-parents rejoignent les Contamines en voiture. Pour ma part, je prends la navette de l'organisation. Il me faut un petit moment pour la trouver. Ce n'est pas clairement indiqué sur la route. Une fois repérée, avantage de la femme enceinte : je suis prioritaire pour monter dans la navette donc pas d'attente pour moi. Même si j’ai le temps, je préfère. Là, je prends vite la mesure de la dimension internationale de cette course : je suis peut-être la seule française dans la navette, cernée par des hispaniques. Au début, c'est sympa, mais rapidement, je trouve ça bruyant. Je pensais profiter des trajets en navette pour me reposer ; je crois que je me suis faite des illusions. Pour ce soir ce n'est pas bien grave mais, pour cette nuit, ce sera autre chose.

Les Contamines

Arrivée aux Contamines, je me fais préciser le principe de l'assistance individuelle. Une seule personne est autorisée à aider le coureur mais cette personne ne peut rejoindre la zone d'assistance qu'une fois le coureur lui-même présent. Je dois donc surveiller à la minute près l'arrivée de Christophe dans cette zone car, je le sais, il sera déçu s’il ne m’aperçoit pas alors que c'était prévu.

Je comprends la mise en place de ce système : il y a 2500 coureurs. Si chacun est accompagné de 1 ou 2 ou comme nous, de 6 personnes, évidemment, tout le monde ne peut pas s'approcher des coureurs, surtout en début de course. Mes beaux-parents pourront comprendre eux aussi. Mais est-ce que les enfants vont comprendre qu’ils ne pourront voir leur père autant que moi ? Je l'espère.

D'ailleurs, les voilà qui arrivent : il est plus difficile de trouver une place en voiture alors que la navette, elle, me dépose juste devant le site. Un bon point.

En attendant l'heure supposée de l'arrivée de Christophe, nous nous baladons, nous observons les autres coureurs, nous profitons de l'ambiance. Nous nous offrons un petit gâteau au chocolat : la boulangerie de Saint Gervais a prévu une fermeture exceptionnellement tardive en ce jour si particulier. Après tout, c’est la fête !

Il est maintenant 22h20 : Christophe est annoncé à 22h45 mais je préfère avancer vers la zone d'assistance juste au cas où. Je fais bien car Christophe arrive alors qu'il n'est pas encore 22h30. Je sors mon ticket d'assistance et l'organisation vérifie que Christophe est bien arrivé pour me laisser passer.

Je prends de ses nouvelles, me renseigne sur l'emplacement des WC pour les coureurs (il faut faire un détour donc on oublie). Je lui demande ce dont il a besoin en dehors de ce qui était prévu, je recharge son sac à dos, change l'eau et le voilà déjà reparti. En forme. Je suis contente.

Par téléphone, je préviens rapidement mes beaux-parents que Christophe repart : ils sont avec les enfants quelques mètres plus loin. A défaut de pouvoir passer quelques minutes avec lui, ils pourront lui taper dans la main et peut-être même l'embrasser avant la nuit qui arrive.

Effectivement les enfants sont super contents : ils ont vu leur papa passer, il leur a tapé dans les mains et il avait l'air en forme en plus.

Je regarde l’heure supposée d’arrivée de Maxime. Ce n’est pas tout de suite. Tant pis, je ne pourrais pas le saluer. Retour à l'appartement pour la nuit ; ce n’est pas bien mais je profite de la voiture familiale pour raccourcir le temps de trajet. Exceptionnellement, Damien s’installe sur les genoux de Mamie… Les enfants sont fatigués, les pleurs arrivent vite. Il est grand temps qu’ils rejoignent leurs lits.

Il est prévu que je reparte seule au petit matin, direction Courmayeur en Italie. Mon beau-père m'emmènera à Chamonix où je prendrai la navette. Christophe y avait prévu une arrivée à 7h du matin, il me faut anticiper le temps de trajet, le temps d'attente de la navette le temps d'attente à l'entrée du tunnel du Mont-Blanc, qu'on me dit parfois très long. Le réveil est donc mis à 4h du matin, le reste de la famille, lui, fera une grasse matinée en vue de la prochaine soirée.

Nuit 1

5.jpgDe retour à l'appartement, je prépare mon petit déjeuner pour demain matin, je prépare mon sac pour le reste du parcours car il n'est pas prévu que je repasse ici. Je vais me coucher.

Tout comme moi, mon beau-père a du mal à trouver le sommeil. Pour ma part je ne cesse de surveiller les temps de passage de Christophe sur mon téléphone : vive internet ! C'est donc naturellement peu après 3h30 du matin que l'on se retrouve dans la cuisine, aussi réveillé l'un que l'autre. Rien ne sert d'attendre ici : nous décidons d'aller à Chamonix. Je serai en avance à Courmayeur mais je préfère ça plutôt que de stresser ici à ne rien faire. Mon beau-père, lui, pourra finir sa nuit ou plutôt, la commencer.

Chamonix s'est vidée par rapport à la veille au soir. Il est donc finalement facile de trouver la navette. Et croyez-le ou non, à 4h du matin, nous sommes déjà beaucoup d'accompagnants à l'attendre, direction l'Italie.

Comme je m'en doutais il m’est impossible de dormir dans la navette. Les autres passagers discutent, racontent le parcours de leur coureur, font des suppositions sur la suite de la course. Si j'étais bilingue espagnol, je pourrais peut-être participer à ces conversations… Je n'ai pas entendu un seul mot de français dans la navette. J’essaie donc de me reposer à défaut de dormir.

Jour 2

Courmayeur

Arrivée à Courmayeur, bien en avance (finalement tout a été très vite depuis Chamonix), et à la vue des derniers temps de passage de Christophe, il me faudra attendre un peu plus que 7h du matin pour le voir.

Toujours le même dilemme... Est-ce que j'essaye de dormir au risque de le rater ? Est-ce que je veille «  inutilement » ? C'est mon corps qui me donne la réponse. Je suis fatiguée, j'ai quelques contractions et une bénévole le voit bien : elle me propose d'aller voir un médecin de la course qui à cette heure de la nuit n'a pas encore beaucoup de travail. Le médecin me propose un lit ce que j'accepte volontiers. Même si je ne dors pas (par précaution, je mets mon réveil à sonner toutes les ½ heures) car je surveille toujours et encore les temps de passage de Christophe, le simple fait d'être allongée sur un lit est bien agréable et m’apporte un peu de repos.

8h du matin : je décide de me relever et d'aller me mélanger à la foule des supporters. L'ambiance est très festive malgré l'heure matinale. Beaucoup beaucoup d’hispaniques donc mais aussi beaucoup d’asiatiques. Je ne les avais pas encore repérés – ils ne prennent pas la navette ? Je pense que chaque coureur d'Asie à apporter dans ses bagages 5 voire plus de supporters. Cette effervescence fait plaisir à voir. Je ne suis pas certaine qu'on serait aussi nombreux à se déplacer si Christophe venait à participer à un trail au Japon.

Je repère sur le bord du tracé la webcam de l'organisation : sur de nombreux sites, les coureurs sont filmés à leur passage et les vidéos sont mises en ligne sur leurs fiches Internet. Cela permet aux supporters qui ne peuvent se déplacer de participer en quelques sortes à la fête. La plupart des coureurs passent devant la webcam sans y faire attention mais certains font un véritable show. C'est amusant et ça fera sûrement un très bon souvenir après la course.

6.jpg

Il est 9h. Christophe arrive. On me laisse rentrer dans la zone d'assistance mais là tout se complique. Il y a énormément de monde. Une fois notre place trouvée, notre rituel commence. Qu'est-ce que je peux faire pour toi ? Comment ça va ?  De quoi as-tu besoin ?

Christophe est fatigué (c’est bien le 1er trail où il me dit être fatigué) et déçu d'être en retard sur son planning. Je l’entends, et le connaissant, je le comprends. Il est arrivé 2 heures plus tard que prévu mais pour moi, je suis tellement contente de le voir plutôt souriant – j’oublie vite sa fatigue pour me concentrer sur le positif – pas de grosse blessure, pas de maux de ventre, je relativise et essaie en toute franchise de lui remonter le moral. En plus, il remonte encore et encore dans le classement. C’est bon signe, non ?

Encore une fois, je suis contrariée dans mon accompagnement : je ne peux pas l'aider dans la préparation de son sac car seuls les coureurs ont accès à la zone de ravitaillement, qui plus est, à l'étage. Christophe peste de devoir monter ces marches pour aller chercher quelque chose à manger ; j'essaie de relativiser mais je le comprends.

Plusieurs longues minutes après, il me rejoint finalement. Il a pu manger, c’est l’essentiel. Cela fait maintenant presque ¾ d'heure qu'il est là, il est temps de repartir. Mais par où partir ? Ce n'est pas très clair. Que faire du sac de vie ? Là encore, ce n'est pas très clair… mais c'est surtout énervant quand on comprend que c'est au coureur lui-même de remettre son sac de vie… à l'étage. Est-ce par souci d'équité que l'assistance des accompagnants est tant limitée ? Peut-être, mais ça m'énerve.

Christophe repart. Moi aussi : direction Arnouvaz. Je me reposerai une fois sur place, inutile de perdre du temps ici.

Arnouvaz

[Sam. 9h45] Je suppose que beaucoup moins d’accompagnants se rendent à Arnouvaz car la navette que je prends est plus proche du mini-minibus. C’est assez logique car le site d’Arnouvaz ne fait pas partie des 5 sites d’assistance ; il n’est donc pas autorisé d’aider les coureurs. Je me dis néanmoins que Christophe sera content de me voir, que l’on pourra discuter un peu. Et de toute façon, je lui ai dit y aller, donc j’y vais.

Arrivée à Arnouvaz, la 1ère étape consiste à trouver le point de passage des coureurs – ce n’est pas juste à côté de l’arrêt de la navette, j’espère que ce n’est pas trop loin. Donc j’applique ma bonne vieille méthode : suivre les autres.

Après quelques centaines de mètres, nous y voilà. Et top du top, un restaurant situé juste à côté propose un petit déjeuner. Je prends donc le temps de m’attabler, de me reposer, de profiter du paysage italien qui est magnifique.

Une fois fait, je rejoins le point de passage : non pas que Christophe risque d’arriver de suite, mais c’est un peu comme sur les plages dans le sud : mieux vaut anticiper pour trouver une bonne place = bonne visibilité, confort (pour moi un arbre/dossier fait l’affaire) et de l’ombre.

Alors que je prévoyais de sortir un livre, je me prends au jeu de l’encouragement des autres coureurs : tout un groupe de français fait preuve de beaucoup de voix et l’on a vite envie de les accompagner. Je range donc le livre, et encourage tout le monde. J’observe également les visages des coureurs : sont-ils fatigués ? Ont-ils chauds ? Est-ce que cette tête-là me dit quelque chose ? Car là où l’on est, aucun réseau mobile. Il m’est donc impossible d’étudier le classement et de calculer l’heure prévue d’arrivée…

7.jpg[Sam. 13h20] Christophe arrive ! Au pas de course… et passe devant moi (sans me voir ?)

Je ne peux le rejoindre au point de ravitaillement –comme ce règlement est dur – donc je l’attends à la sortie. Je ferai quelques pas avec lui…

Quelques minutes après, il ressort. Content de me voir, je crois. Je prends des nouvelles. Il fait chaud me dit-il. On fait quelques pas. Mais rapidement, je n’arrive plus à le suivre et il reprend sa course, tout seul.

Je suis contente de l’avoir vu, d’autant qu’il était en forme. Il est content de m’avoir aperçu… mais quand même. 1 trajet en navette, 3 heures d’attente pour se voir 5 minutes. C’est frustrant ! Mais c’est comme ça. Mieux vaut arrêter de calculer car sinon je peux rentrer me coucher direct.

Allez, il faut repartir.

La suite via Courmayeur et Chamonix

[Sam. 13h30] Je fais un rapide calcul… D’après ses prévisions, Christophe devrait être à la Fouly, prochain point de passage, dans 2 heures 50. C’est trop juste pour que j’y sois. Car les navettes ne font pas le tour du Mont-Blanc, elles L, mais repassent par Chamonix.

9.pngDonc il me faut :

  • 30 minutes pour revenir à Courmayeur
  • 45 minutes pour revenir à Chamonix
  • 1 heure 30 pour aller à Orsières
  • 30 minutes pour aller à la Fouly

soit 3 heures 15 sans compter le temps d’attente des navettes.

Autant dire que ce n’est pas possible. Car bien sûr je pars du principe que Christophe n’ira pas moins vite que prévu. Je vais directement aller à Champex. Cela me prendra le même temps, et Christophe prévoit d’y être dans 5 heures.

Malgré tout, je préviens mes beaux-parents que potentiellement Christophe sera à Champex avant moi : il faut qu’ils s’y rendent car c’est un site d’assistance, et Christophe compte sur moi, sur nous, pour le ravitailler.

Une fois la décision prise, GO. Je reprends la navette direction Courmayeur. Ayant raté la dernière navette, j’ai dû attendre 30 minutes. Ça commence. Mais positivons : j’ai profité du trajet pour demander au chauffeur de recharger mon téléphone sur l’allume-cigare !

[14h20] Je retrouve le site de Courmayeur laissé plus tôt ce matin. Alors que c’était plutôt calme, règne maintenant une grande effervescence… et une chaleur pesante.

Une foule attend la prochaine navette en direction de Chamonix, sous ce soleil de plomb donc : pas le moindre point d’ombre à l’horizon. Docilement, je vais me positionnement en queue de file. Je tends l’oreille : on parle de 2 heures d’attente pour la prochaine navette. Je stresse… tout mon planning tombe à l’eau. Je ne serai jamais à temps à Champex-Lac, Christophe sera déçu et énervé : nous avions convenu ensemble que je serai à Champex-Lac, et je doute qu’il comprenne sur le moment que je n’ai pas eu le temps d’être là.

Et là, ma sauveuse arrive sous les traits d’une charmante asiatique. Elle me parle, mais je ne comprends rien. Puis me prend par la main et m’emmène en tête de file alors qu’une navette vient juste d’arriver. Elle s’approche de l’organisatrice « navette » et montre mon ventre arrondi : elle veut tout simplement m’épargner l’attente car je suis enceinte. « Merci beaucoup madame ».

Derrière moi, les gens râlent : des volontaires montent dans la navette et prennent « leur » place, des femmes avec de jeunes enfants montent dans la navette et prennent « leurs » places, des coureurs ayant abandonné à Courmayeur montent dans la navette et prennent « leurs » places. Et eux doivent attendre encore et encore. Par cette météo, c’est humain, chacun pense à soi.

[14h30] Pour ma part, je monte donc dans la navette. Soulagée.

Champex-Lac via Orsières

[17h45] Après 3 heures de trajet en navette, changements compris, j’arrive à Champex-Lac. Les enfants et leurs grands-parents ne sont pas loin. Mais garés plus loin, il leur faut maintenant trouver le site.

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Christophe n’est pas encore arrivé. Il a quitté la Fouly à 16h45 : il a prévu un temps de course entre les 2 sites de 2 heures 20. Il devrait donc être là d’ici 1 heure 20, peu après 19h. Je vais pouvoir me poser, profiter de ce site (suisse) plutôt bien organisé pour les accompagnants. L’animateur nous indique au micro qu’il y a une cantine à notre disposition. Il faut que je prenne un vrai repas ; je n’en ai pas pris depuis… vendredi midi. Donc je m’y rends et y retrouve le reste de la famille. Au menu : saucisse / frites. Ce n’est pas très suisse mais ça fait parfaitement mon affaire… et celle des enfants qui sont complétement décalés et réclament à diner à 18h ! J’avoue que sur des WE aussi particuliers que celui-ci, je ne suis plus du tout à cheval sur quoique ce soit donc : mangeons ! D’autant que Mamie est arrivée avec un ravitaillement complet pour nous.

Seul bémol sur ce site : le sol en terre. Il faut moins de 2 minutes aux enfants pour être sales. Réflexion de maman J

[19h00] Christophe ne devrait pas tarder à arriver. Comme j’ai pu l’accueillir à plusieurs occasions, et comme j’imagine que cela doit être frustrant pour les enfants et pour les grands-parents de ne pas beaucoup le voir, je leur suggère d’aller l’attendre sur la fin de parcours, pour l’accompagner un peu.

11.jpg[19h20] Christophe arrive… les enfants me rejoignent. Je crois comprendre qu’ils l’ont raté sur le chemin, ne l’ayant pas reconnu : il faut dire que telle une star de mode, il change de vêtements tout le temps.

Christophe est donc là. Je suis autorisée à entrer dans la zone d’assistance. Mais c’est lui qui nous rejoint. 1er moment en famille depuis le départ de la course : je suis contente. Les enfants le harcèlent de questions, remarques et histoires en tout genre. Ils sont très joyeux.

J’annonce à Christophe la bonne nouvelle : il vient de passer au classement sous la barre des 500. Trop fort. Le tout maintenant est de s’y maintenir.

Christophe lui semble inquiet –c’est la 1ère fois depuis le départ. Il a mal aux pieds : des ampoules le gênent. Pourtant il s’était bien préparé : RDV pré-course chez le podologue, application d’une crème spéciale au moins 10 jours avant le départ… Des podologues étant présents à Champex-Lac, il va les consulter. Il y restera près de ¾ d’heure. Sans qu’on puisse être avec lui : c’est normal, l’endroit est exiguë, mais encore une fois, il nous échappe.

J’aperçois néanmoins un coureur (étranger) dont les soucis de pieds sont beaucoup plus impressionnants, ce qui aide à relativiser. Toute la peau sous la plante du pied est partie ; la chaire est à vif. Mais ce n’est pas pour ça qu’il est venu consulter, juste pour une douleur à un doigt de pied. Tout comme Christophe, il s’énerve que les podologues prennent autant de temps pour le soigner, après avoir pris en photo ses pieds. Sans aucun doute, les podologues doivent voir des cas « rares » en travaillant (bénévolement je crois) sur de telles courses, mais se rendent-ils seulement compte que toutes les minutes comptent pour les coureurs qui viennent les consulter ? Pas sure.

Une fois soigné, plus de temps à perdre : il n’était pas du tout prévu qu’il s’arrête aussi longtemps. Il faut donc s’activer pour se restaurer, boire, refaire le sac… dans l’espace assistance. Du ravitaillement, nous entendons le tonnerre : ça fait un moment que ça dure mais il semblerait pour autant que l’orage n’est pas prévu. Information importante au niveau de la logistique et de la tenue à adopter pour la nuit qui s’annonce.

[20h34] Finalement, Christophe repart avec un t-shirt et un sur-t-shirt.

Prochaine point de RDV : Trient. Durée de parcours estimée : 3 heures 30. Ça nous laisse du temps à nous accompagnants.

La nuit tombe. Pour pimenter un peu leur journée, je propose aux enfants de prendre la navette avec moi. Pour nos petits provinciaux, prendre le bus est une fête. A peine montés dans la navette, la pluie tombe. Les enfants s’en amusent. Pour ma part, j’imagine Christophe… ce n’était pas prévu au programme. Pourvu qu’il ait pu rapidement se couvrir pour ne pas souffrir de l’humidité cette nuit.

Nuit 2

Trient via Orsières

[22h20] Me voilà arrivée avec les enfants. Pour une fois que je ne suis pas seule : il pleut des cordes, et la navette nous dépose loin du site. Seule une petite tente nous permet de nous abriter. J’appelle mes beaux-parents pour qu’ils viennent nous chercher en voiture : ils sont déjà arrivés, se sont garés près du ravitaillement et s’y sont rendus pour être certains de ne pas rater l’arrivée de Christophe… pourtant prévue dans plusieurs heures. La fatigue aidant (ou pas) je m’énerve.

A l’arrêt de la navette, d’autres accompagnants sympathisent avec les enfants, les seuls enfants présents à cette heure tardive et par cette météo si clémente J  L’un leur propose des sucreries, l’autre les prend sous sa couverture. Merci à eux.

Car il faut bien se rendre compte que l’orage n’ayant pas du tout été prévu ni même imaginé, les enfants sont en short, t-shirt et sandales (pour ma part, c’est ma 2ème nuit, je suis davantage couverte). Et c’est donc dans cette tenue aussi, qu’au bout de 30 minutes, Mamie finit par nous trouver et nous accompagner tous trempés, frigorifiés et fatigués, au point de ravitaillement.

Je ne suis sûrement pas objective pour toutes les raisons qui précèdent mais je trouve ce site… inhospitalier. Que ce soit pour les coureurs, mais ça on s’en rendra davantage compte à l’arrivée de Christophe, que pour les accompagnants. La tente qui nous permet d’attendre les coureurs est toute petite, plantée encore une fois dans la terre. Par temps de pluie, et en pleine nuit, c’est juste compliqué à gérer. Par contre, les suisses n’ont pas lésiné sur la nourriture : c’est raclette party. Mais ce n’est pas l’heure pour nous d’en profiter…

[23h30] Le réseau internet doit être saturé : impossible d’accéder au suivi en live. Et quand on sait le coût exorbitant que nos opérateurs nous facturent en Suisse, il faut savoir être raisonnable. Donc toutes les 10 minutes, Papy ou moi allons demander à une gentille bénévole qui a un PC de nous renseigner sur l’avancement de Christophe.

[0h00] Transits par le froid et la fatigue, dans l’attente de l’arrivée de Christophe prévue dans moins d’1 heure, les enfants commencent à être bougons. Je donne mes chaussettes à l’une, mon pull à l’autre, mais rien n’y fait. Papy va demander aux secouristes une couverture pour ses petits-enfants : « Non, ce n’est pas pour eux ».

Je ne l’entends pas de cette oreille et y retourne. J’espère les amadouer : une femme enceinte avec 3 jeunes enfants, ça devrait marcher, non ? « Non » Je suis furieuse, triste, fatiguée. Je retourne auprès des enfants. Les larmes viennent. Et là oh miracle, un homme me court après et me remet 2 couvertures de survie. « Merci ». Merci beaucoup. Enfin quelque chose de positif à Trient.

Les minutes passent. Les enfants ont moins froid mais sont fatigués et pleurnichent beaucoup. Ça m’énerve… mais je ne peux pas leur en vouloir. Je ne peux que les calmer en restant avec eux, en répondant positivement aux demandes de câlins, en attendant Christophe.

[00h42] Il arrive. Je ne m’en rends même pas compte, étant loin du PC course et visuellement loin du coin ravitaillement des coureurs. Lorsque Papy me prévient, je me précipite le retrouver. Je donne mon ticket d’assistance, on le contrôle (que de temps perdu) et je retrouve Christophe. Il n’est pas content. Personne n’était là pour l’accueillir, je dormais, il fait froid, il pleut, il a mal… Zen, restons zen. Qui aime bien, châtie bien. Et dans ces moments difficiles, Christophe m’aime énormément. Donc zen.

Sa plus grande difficulté est la fatigue. Il doit dormir. Impossible de le faire sur place tant l’espace alloué aux coureurs est lui aussi restreint, sale et bruyant. Après renseignement, il peut revenir sur ses pas et demander un lit au poste de secours. Papy l’accompagne mais doit le laisser là-bas l’accès nous étant interdit.

Christophe m’avait parlé de 20 minutes de sommeil. Au bout de 30 minutes, je m’inquiète car je sais qu’il ne va pas apprécier ces 10 minutes perdues. Mais on ne me laisse pas entrer. Je dois attendre à l’extérieur : les secouristes le réveilleront. Toutes ces interdictions me mettent hors de moi. Et là j’en suis certaine, ce n’est pas qu’une question d’hormones. C’est la poisse de Trient qui continue.

Finalement après avoir somnolé (il me dit qu’il n’a pas réussi à dormir) Christophe se lève, boit une soupe et retourne au point de ravitaillement pour se préparer pour la suite de la course. L’humeur n’est pas au beau fixe –et ce sera comme ça jusqu’à la fin de la course, ce qui me fend le cœur car je ne peux pas faire grand-chose.

[01h57]Après un peu plus d’1 heure de pause, Christophe reprend finalement la course. J’essaie de l’encourager du mieux que je peux. Je serai là à Vallorcine, au prochain site d’assistance, en France : l’arrivée ne sera alors plus bien loin.

Les enfants entre temps sont partis se coucher dans la voiture, au chaud. Tous rentrent se coucher après m’avoir déposée à Vallorcine, de l’autre côté de la frontière suisse. J’avais un moment hésité à rentrer à Chamonix, récupérer ma voiture pour être autonome sur la fin de course, pouvoir dormir confortablement dans la voiture, ne plus avoir à porter mon sac et le nécessaire pour Christophe. Mais il faisait nuit, j’étais crevée, je ne connaissais pas du tout la région : il n’aurait pas été raisonnable de conduire.

Vallorcine

[2h30] L’attente à Vallorcine commence pour moi. Le site est désert ou presque. Rien à voir avec l’effervescence des sites en pleine journée. J’y retrouve la gentille dame qui avait offert de partager sa couverture avec les enfants à Trient. Elle ne parle pas français, on ne peut échanger, mais voir ce visage connu me fait du bien. Je me trouve une place sur un banc. Mamie m’a passé une couverture et un oreiller avec lesquels j’essaie de me faire un lit douillet… et m’endors.

Ma nuit n’aura duré que 30 minutes. Je pense que l’adrénaline me tient moi aussi en éveil. Impossible de me laisser aller dans les bras de Morphée : et si Christophe arrivait ?! Forte de ce constat, je décide de me trouver une place plus près de la zone de ravitaillement des coureurs. Même à moitié endormi, je ne pourrais pas rater Christophe à son arrivée, ou en tout cas, lui, devrait m’apercevoir.

Et j’attends…

[05h02] Il est arrivé. Je ne calcule plus. Il est sûrement en retard sur ces prévisions initiales car vu son état sur les dernières étapes de la course, il ne peut avoir repris du temps et surtout rattraper le temps « perdu » chez le podologue à Champex-Lac ou à dormir à Trient. Donc rien ne sert de calculer.

Christophe lui a dû calculer. Il sait qu’il est en retard. Il sait qu’à cette heure-ci il aurait dû être arrivé. Il me parle d’abandonner. A moins de 20 kilomètres de l’arrivée, je ne peux imaginer qu’il abandonne. Je sais qu’il est déçu, je sais que cette 2ème partie de course ne se passe pas du tout comme prévu, je sais… mais pas à moins de 20 kilomètres de l’arrivée. Après coup, il serait déçu, je serais déçue, les enfants et ses parents seraient déçus. Il n’a jamais abandonné : une fois engagé sur une course de trail, il va jusqu’au bout. C’est ce que je m’apprête à lui dire mais le coureur assis à côté de lui me prend de vitesse et le sermonne gentiment « Tu ne peux pas arrêter maintenant, si près du but. Repose toi, mange, va voir le staff médical, et ça ira mieux »

« Merci monsieur ». Venant de vous, ça a peut-être plus de poids. Et comme il ne vous connait pas, il ne vous aime pas, et donc ne vous châtie pas J

Donc Christophe n’abandonne pas. Ses ampoules le faisant toujours souffrir –quelle poisse, sur chaque course, elles sont là- il va voir les podologues. Comme à Champex-Lac, il est bien accueilli. Doucement, sans se presser, les soignants s’occupent de lui. Je vois l’heure qui tourne. Christophe la devine sûrement (il m’a donné sa montre plus tôt dans la nuit car elle n’avait plus de batterie). Il se laisse faire. Et je suis là à ces côtés –le site est désert, on me laisse rester. Je le connais, il n’arrivera pas à dormir –qui le pourrait tout en se faisant charcuter les pieds- donc j’essaie de le divertir, de papoter. Il est calme, presque serein. Je suis plus rassurée qu’à son arrivée sur le site.

Il ne doit pas avoir les idées très claires car il s’étonne de l’absence du reste de la famille. « Il est 5h du matin. Tous dorment. Mais ils seront là à ton arrivée. » lui dis-je. « Ok… si j’arrive ». Grrr.

Je profite aussi de ce petit moment pour sympathiser avec l’équipe soignante. J’ai une petite idée derrière la tête : profiter de l’un de ces lits de camp qui me tendent les bras et pour l’instant vides… une fois Christophe parti bien sûr.

Je profite également du chauffage d’appoint pour faire sécher les affaires de Christophe : tout est trempé. Le pauvre.

Et je nourrie mon homme… de soupe aux pâtes et au pain, et de bananes. Il n’y a a priori que ça qui passe. Et qui lui convient. Soit. Perso je lorgne davantage sur le chocolat ou les petits gâteaux salés. Je ne parle même pas du saucisson qui me nargue depuis le début de la course mais qui m’est interdit. Mais rien ne sert de rêver : toute cette nourriture est exclusivement réservée aux coureurs. C’est normal. Mais c’est dur. Car ce n’est pas le 1er site sur lequel rien n’est proposé à la vente pour les accompagnants hormis du café. Et je ne bois pas de café.

Bref… il est temps que Christophe reparte. Je réapprovisionne son sac non sans lui faire remarquer qu’il n’a pratiquement pas pioché dans ses réserves. Mais peut-être a-t-il profité des ravitaillements intermédiaires ?

[6h16] Après un arrêt à Vallorcine de plus d’1 heure, Christophe repart. Toujours couvert. La météo couverte elle aussi n’incite pas à se dévêtir. J’aurais dû être plus vigilante sur ce point, car il va vite souffrir de la chaleur… mais ça je ne le saurai qu’à l’arrivée.

Christophe a prévu 4 heures pour finir le parcours. Ce qui me laisse le temps de rentrer mais surtout de demander à dormir un peu ici avant. Ce que les secouristes acceptent : ils m’offrent gentiment d’occuper un lit, tant qu’aucun coureur n’en a besoin. Avant cela, le médecin « de garde » souhaite prendre ma tension car il me voit faible. Il sait par nos échanges précédents que je ne me ménage pas vraiment. Ma tension est faible. Donc je vais dormir oui, mais il me demande aussi de me ravitailler moi aussi. N’ayant rien dans mon sac, il me dit de me servir au ravitaillement des coureurs. C’est donc sans aucun scrupule que je mange du pain et du chocolat avant de m’assoupir confortablement installée.

Le repos sera de courte durée : il est 7h et un grand nombre de coureurs sont arrivés. Beaucoup souhaitent se reposer donc je dois laisser ma place. Malgré tout, ces 30 minutes de sommeil m’auront fait beaucoup de bien. Je me sens prête pour aller accueillir Christophe sur la ligne d’arrivée.

Chamonix

Dernière étape de cette course. Pour ma part du moins. Je ne peux voir Christophe aux 2 ravitaillements qui précèdent l’arrivée de la course. Direction Chamonix en navette. Et après avoir donné des nouvelles à mes beaux-parents : Papy semble ne pas beaucoup dormir car je constate sur mon téléphone qu’il me donne lui-même des nouvelles des temps de passage de Christophe.

Une fois à Chamonix, la 1ère chose à faire tant que je’en ai le courage, est de récupérer la voiture laissée 2 jours plus tôt à l’entrée de la ville. Donc on prend ses petites jambes et on se met en route. A mi-chemin, je tente le stop, épuisée. Un gentil conducteur venu de Hongrie m’aide à finir mon trajet, non sans faire plusieurs détours dans la ville qu’il ne connait pas plus que moi.

Je prends des nouvelles des enfants. Ils dorment. Je rappelle à mes beaux-parents qu’il faut absolument que l’on soit tous là sur la ligne d’arrivée :

  • Christophe y tient ; il n’en a pas reparlé mais j’en suis sure.
  • les enfants ne voudraient pas manquer ça ; suivre leur papa de loin sur la course sans pouvoir être là
  • il parait que l’ambiance sur la ligne d’arrivée est exceptionnelle et que les accompagnants sont les bienvenus

Ils me répondent que « les enfants dorment. On verra ce qu’on peut faire ». Il ne faut pas voir, il faut venir ! Je leur en veux de peut-être les priver de ça, nous priver de ça. Mais je ne peux leur reprocher : eux aussi doivent être fatigués et ont pourtant la gentillesse de s’occuper des enfants pour que je puisse accompagner Christophe sur toute la course. Restons calme.

L’heure tourne. Je prends le temps de trouver un parking pas trop loin du site d’arrivée car je pressens que Christophe ne sera pas en état pour une petite balade dans Chamonix.

Je prends le temps de répondre à nos amis et famille qui ont demandé des nouvelles de Christophe, et de féliciter l’un de nos copains qui a bouclé l’Echappée Belle au petit matin.

Et j’attends… à quelques dizaines de mètres de l’arrivée pour pouvoir les courir avec Christophe, et les enfants qui sont finalement là, à temps.

[11h20] Je l’aperçois. Il va finir l’UTMB. Je suis trop contente.

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Les enfants et moi le rejoignons sur le parcours. Papy et Mamie sont à l’arrivée près à le prendre en photo. Maëlle le prend par la main et court avec lui, d’un bon pas. Je les suis avec les garçons… et IL PASSE LA LIGNE D’ARRIVEE !

Je suis heureuse. Fière. Tellement fière car ce fut dur. Soulagée. Je pensais pleurer mais non l’émotion est tout autre.

Je sais qu’il n’a pas fait la course rêvée, je sais que dans les heures, minutes qui viennent, il va le dire. Mais moi ça m’est égal : il est FINISHER de l’UTMB 2016. Et c’est mon mari !!!

Commentaires

  • Je pense que ce petit 4eme aura droit à un titre particulier pour avoir suivi son papa de bout en bout ! Bravo au coureur, mais également à l'équipe des supporters.

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